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Crédit immobilier: la production reste au ralenti
Le 09 / 05 / 2023

La production de nouveaux crédits à l'habitat continue de baisser, alors que les taux continuent d'augmenter.

En mars, elle s'élevait à 14,4 milliards d'euros, soit un plongeon de 42 % par rapport à la même période l'an dernier.

 

Face à la hausse des taux, le crédit immobilier poursuit son inexorable baisse. Au mois de mars, la production de nouveaux crédits à l'habitat a encore diminué pour s'établir à 14,4 milliards d'euros, contre

14,6 milliards en février et 15,7 milliards en janvier, selon des chiffres publiés ce mardi par la Banque de France. Un niveau bien inférieur à la moyenne des cinq dernières années.

 

Sur un an, la chute est vertigineuse: - 42 %. En mars 2022, la production de crédits s'élevait en effet à 24,8 milliards d'euros, dans un contexte particulièrement porteur pour le crédit à l'habitat. Depuis, le monde a changé, avec une multiplication par près de trois des taux d'emprunt, conséquence directe de la politique de resserrement monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) entamée il y a près d'un an pour combattre l'inflation.

 

Renchérissement du crédit

Le mouvement devrait d'ailleurs se poursuivre, après la décision de la BCE, la semaine dernière, de relever une nouvelle fois ses taux directeurs de 0,25 point de base. Une hausse renchérissant le coût de refinancement des banques, qui le répercutent sur le prix du crédit.

Hors renégociations, la production de crédit à l'habitat est restée stable en mars par rapport au mois précédent, à 12,2 milliards d'euros.

La durée moyenne d'un emprunt pour l'acquisition d'une résidence principale demeure supérieure à 23 ans. Financer l'achat d'une maison ou d'un appartement coûte chaque mois un peu plus cher. Selon les données de la Banque de France, le taux moyen des nouveaux crédits accordés en mars sélevait à 2,56 % (hors frais et assurances), contre 2,36 % en février, et seulement 1,14 % il y a un an. Hors renégociations, ce taux est même de 2,72 %. Des chiffres toutefois inférieurs à ceux communiqués récemment par l'Observatoire Crédit Logement-CSA, qui relevait pour le mois d'avril un taux moyen à 3,15 %.

Certains courtiers misent d'ores et déjà sur un franchissement des 4 % dès cet été, un niveau jamais vu depuis la fin 2008. De quoi plomber un peu plus la capacité d'emprunt des ménages. Pour relancer la pro-duction, la Banque de France a décidé depuis le 1er février et jusqu'au mois de juillet de réviser tous les mois le taux d'usure, ce taux plafond au-delà duquel les banques ne sont pas autorisées à prêter. Celui-ci était jusqu'alors revu de manière trimestrielle.

 

Pour relancer la machine, un assouplissement des critères d'octroi de crédit est à l'étude.

 

Un handicap en période de hausse des taux, selon les courtiers et les banquiers, car cela bloquait de nombreux dossiers. Manifeste-ment, ce changement n'a pas permis de limiter la baisse. D'autres pistes sont à l'étude pour tenter de relancer la machine, comme un assouplissement des critères d'octroi de crédit, gravés dans le marbre par le Haut conseil de stabilité financière (HCSF) début 2022.

La demande émane des banquiers et des courtiers. Bercy y serait favo-rable, mais la Banque de France résiste. « Le crédit immobilier reste en France plus abondant et moins cher que chez ses voisins européens », rappelle l'institution financière dans la publication de ce mardi. La prochaine réunion du HCSF est prévue le 13 juin.

Article Les Echos, mercredi 10 mai 2023