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Le marché de la location immobilière proche du blocage
Le 05 / 07 / 2023

« Le marché de la location de logements est exsangue! » Il y a quelques jours, le président du réseau d'agences immobilières Century 21, Charles Marinakis, ne mâchait pas ses mots pour décrire les difficultés croissantes pour les candidats à la location en France. « Il y a très peu de logements à louer et nous observons une très forte baisse de la vacance locative», indiquait-il.

« Depuis le début de l'année, notre

- réseau enregistre une baisse de 20 % de nouveaux mandats pour la mise en location [...]. Pire encore à Mar-seille, Nantes ou Montpellier, où le nombre de mandats de locations est divisé par trois - respectivement

-65%,-78 % et-86%», soulignait de son côté il y a peu Orpi dans un communiqué.

 

Des ménages exclus de l'accession à la propriété

Chez Laforêt Immobilier aussi, le tableau est inquiétant. « Nous constatons à la fois une hausse de 20% de la demande locative en un an, et une contraction de 20 % de l'offre, affirme son président, Yann Jéhanno. Il y a un phénomène de cisaille. » Le marché n'est « pas loin du blocage », selon lui.

Les causes de ces tensions sont diverses. Première cause : les tensions sont la répercussion directe de la contraction du marché de la transaction. Avec la hausse des taux d'intérêt d'emprunt immobilier, qui renchérit le coût du crédit, et des prix des appartements et des maisons qui restent élevés, de nombreux ménages ne peuvent plus accéder à la propriété. En particulier les jeunes actifs. Ils n'ont d'autre choix que de demeurer locataires.

Le phénomène s'observe en particulier dans les grandes métropoles. Mais pas uniquement. « Quand vous avez des ménages modestes qui sont locataires d'une petite maison en zone rurale et qui ne peuvent pas acheter, ils restent là où ils sont », note le président de Laforêt. Il remarque qu'un peu partout, « la durée d'occupation des logements loués ne cesse de s'allonger ». 

 

Côté offre, plusieurs observateurs soulignent un ras-le-bol chez certains propriétaires bailleurs, qui préfèrent jeter l'éponge et vendre le logement qu'ils avaient mis en location. « Depuis le premier mandat d'Emmanuel Macron, ils sont stigmatisés et vus comme des rentiers de l'immobilier», estime Yann Jéhanno.

Des associations comme l'Union nationale des propriétaires immobiliers (Unpi) pointent aussi régulièrement du doigt l'encadrement des loyers, au départ cantonné à Paris et à Lille, qui s'étend désormais à de nombreuses communes.

Ou la hausse de la taxe foncière constatée dans diverses villes.

«Le marché n'est plus non plus alimenté par les investissements locatifs venant du neuf », qui ont connu ces derniers mois un net coup de frein, remarque encore Charles Marinakis. Il souligne aussi le nombre élevé de logements proposés à la location touristique entre particuliers en France. Pour lui, cela assèche, sur certains territoires, l'offre de logements dédiés à la location traditionnelle.

 

Tensions sur les petites surfaces

« Aujourd'hui, rien ne vous encourage à mettre votre bien sur le marché locatif privé », conclut-il. Le gouvernement a néanmoins promis de revoir le système fiscal touchant à la location de logements - qui favorise pour l'heure la location de courte durée. La Première ministre, Elisabeth Borne, a souhaité que ce chantier aboutisse pour le prochain projet de loi de finances.

Dernière source de tension : les interdictions progressives concernant la location des passoires thermiques - qui ont commencé à entrer en vigueur au 1er janvier dernier et vont progressivement monter en puissance. Celles-ci encouragent certains propriétaires bailleurs à réaliser des travaux. Mais d'autres préfèrent vendre leur bien.

 

Sur ce marché de la location à la peine, les logements de petite surface sont les plus difficiles à trouver.

Et traditionnellement, à cette période de l'année, la pression s'accroît dans les villes étudiantes, avec l'arrivée des nouveaux bacheliers. « Cela fait plusieurs années que nous l'observons : c'est la galère pour les étudiants à Lille, Aix, Lyon, Paris... » poursuit le président de Laforêt. Alors que les inscriptions sont à finaliser cette semaine sur la plateforme d'orientation Parcoursup, la ruée sur les « piaules » va commencer.

Article Les Echos, le mercredi 05 juillet 2023