>
Vous êtes ici
» Retour à la liste
Les marchés s'attendent à de nouvelles hausses des taux
Le 30 / 08 / 2023

BANQUES CENTRALES

Le ton ferme adopté par le patron de la Réserve fédérale américaine et la présidente de la Banque centrale européenne à Jackson Hole semble avoir convaincu les investisseurs.

 

Guillaume Benoit 

 

A Jackson Hole, la semaine dernière, le message est passé. En dépit de signes encourageants de ralentissement, les banques centrales sont loin d'en avoir fini avec la lutte contre l'inflation. Et elles n'hésiteront pas à monter encore leurs taux s'il le faut pour mater la hausse des prix, notamment l'inflation sous-jacente qui fait de la résistance. Un vœu pieux, après un cycle de resserrement déjà extrêmement violent des deux côtés de l'Atlantique ?

Sur les marchés, on prend la menace au sérieux. Si, par le passé, les investisseurs ont pu douter de la capacité des banques centrales à mener à terme leur cycle de hausses de taux, ils ont payé leur incrédulité par des corrections particulièrement sévères sur les prix des obligations. Conséquence, quand Jerome Powell, le patron de la Réserve fédé rale américaine, a déclaré vendredi

- depuis les montagnes du Wyoming - que la Fed « était prête à relever encore ses taux si nécessaire, et qu'elle avait l'intention de maintenir sa politique à un niveau restrictif jusqu'à ce qu'elle soit convaincue que l'inflation se rapproche durablement de son objectif », analystes et économistes ont revu leur copie.

« Les marchés considèrent désormais qu'une nouvelle hausse cette année est de plus en plus probable », écrit ainsi Jim Reid chez Deutsche Bank. Les contrats à terme évaluant à 57 % la probabilité d'une hausse d'ici à novembre. Avant le discours du patron de la Fed, les traders n'étaient que 54 % à envisager un tel tour de vis. Et une semaine avant le sommet des banques centrales dans le Wyoming, ils pariaient à 83 % sur l'éventualité d'une première baisse des taux de la Fed d’ici à juin 2024. Une proportion retombée depuis à 58%.

 

Le chant des « faucons »

Autre signe, les obligations du Trésor à deux ans - par nature plus sensibles aux variations de la politique monétaire ont immédiatement réagi à la ligne dure adoptée par le banquier central américain. Leur rendement a grimpé vendredi à la clôture à 5,08 %, pour la première fois depuis 2007..

Du côté de la zone euro, Christine Lagarde a fait très attention à ne pas donner d'indice aux marchés, .vendredi. Si la présidente de la Banque centrale européenne a, elle aussi, affirmé sa détermination sans faille à combattre l'inflation, elle n'a pas voulu trancher le débat sur une nouvelle hausse dès septembre. Mais son silence, alors que les résultats des indices PMI publiés la semaine dernière ont été décevants, a été perçu comme allant dans le sens d’une poursuite du resserrement monétaire. Certains espéraient en effet que la BCE prenne en compte ce début de ralentissement et laisse entendre qu'un temps d'arrêt dans le cycle de hausse était envisageable pour ne pas peser trop sur la croissance. En vain. Le président de la Bundesbank, Joachim Nagel, suivi par ses homologues letton, Martins Kazaks, et autrichien, Robert Holzmann, ont même appelé à un nouveau tour de vis. « S'il n'y a pas de grandes surprises, je pense qu'il y a lieu de poursuivre les augmentations de taux sans faire de pause », a affirmé ce dernier.

Les marchés ont écouté le chant des « faucons ». Ils tablent désormais à 50 % sur un nouveau relèvement d'un quart de point des taux directeurs le 14 septembre, contre 34 % seulement la semaine dernière, selon Bloomberg.

Des deux côtés de l'Atlantique, les décisions des banques centrales dépendront avant tout des données économiques qui seront publiées dans les prochains jours. La baisse plus forte qu'attendu de l'emploi américain, mardi, n'a pas fait changer les prévisions sur les tours de vis. Les chiffres de l'inflation européenne pour août ou les indices manufacturiers américains pourraient avoir plus d'impact.

 

Article Les Échos du mercredi 30 août 2023