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L'épargne retraite s'essouffle malgré le succès du PER
Le 04 / 10 / 2023

Les encours totaux d'épargne retraite sont restés quasi stables sur un an, selon les données de Bercy. Le plan d'épargne retraite (PER) continue de séduire mais sera bientôt interdit aux mineurs.

 

Le plan d'épargne retraite (PER) a fait ses preuves. Créé par la loi Pacte il y a tout juste quatre ans, ce nouveau placement totalisait 85 milliards d'euros d'encours à fin mars, soit 19 milliards de plus qu'un an plus tôt, a dévoilé le ministère de l'Economie ce mardi.

L'objectif initial de 50 milliards d'euros d'actifs à fin 2022 reste largement dépassé, tout comme celui du nombre de titulaires. Au 31 mars, 7,4 millions de Français étaient équipés d'un PER, soit plus du double des 3,5 millions attendus en fin d'année dernière. « Un immense succès », a salué le ministre de l'économie Bruno Le Maire mardi soir, aux assises annuelles de l'association d'épargnants Afer.

 

Objectif non atteint

 

Pour autant, tout n'est pas rose dans le tableau de l'épargne de long terme, alors même que la réforme des retraites devrait inciter les Français à économiser davantage pour leurs vieux jours. Les encours totaux de l'épargne retraite, tous produits confondus (PER, Madelin, PERCO…), s'établissaient à 281,9 milliards d'euros à la fin du premier trimestre, quasiment au même niveau qu'un an plus tôt (280 milliards). 

« Le montant global est stable », admet Bercy, mais la part de l'épargne retraite consacrée au financement de l'économie « augmente ». Ainsi, « 54 % des encours du PER financent des entreprises en actions et en dette ».

Pour autant, le gouvernement n'a pas atteint son objectif de 300 milliards d'euros d'épargne retraite à fin 2022, alors que les Français continuent à thésauriser massivement, malgré l'inflation. Plusieurs raisons expliquent cet essoufflement. D'abord, la fin de la dynamique des transferts d'anciens produits retraite vers le PER, qui pouvait s'accompagner de nouveaux versements. Les anciens produits comme le PERP ou les contrats Madelin et « article 83 » ne peuvent plus être souscrits.

Ensuite, « la décollecte de l'assurance-vie dans le contexte de remontée des taux d'intérêt, moins porteur », peut « conduire les épargnants à changer d'approche dans la répartition de leurs produits financiers », pointe Bercy, qui cite la concurrence des comptes à terme commercialisés par les banques.

 

Plan climat pour les jeunes

 

La majorité des produits de retraite ont certes une base assurantielle (par opposition aux produits bancaires), mais les sorties de capitaux de l'assurance-vie concernent surtout les traditionnels fonds en euros, avec 20,6 milliards de retraits nets sur les huit premiers mois de l'année, d'après les chiffres de la fédération France Assureurs.

Le marché global est resté tout juste dans le vert, grâce aux flux sur les unités de compte (UC), qui ont drainé 22 milliards sur la période. Les plans de retraite sont généralement plus diversifiés que l'assurance-vie classique, avec un pilier fonds en euros et un pilier unités de compte.

A partir du 1er janvier 2024, le PER pourrait pâtir d'un autre phénomène : l'interdiction d'effectuer de nouveaux versements sur le PER d'un mineur ou d'ouvrir un tel produit pour une personne de moins de 18 ans. La disposition, prévue dans le projet de loi de finances, vise à donner de la « lisibilité » et de la « cohérence », explique le ministère de l'Economie. Il précise que seuls « quelques milliers » de mineurs ont un PER.

Le gouvernement préfère promouvoir, auprès des jeunes et de leurs parents, le futur plan d'épargne avenir climat (PEAC) prévu dans le projet de loi industrie verte. Le texte sera examiné la semaine prochaine en commission mixte paritaire.

Présenté comme un « petit frère » du PER, ce nouveau contrat pourra être commercialisé dès le premier semestre 2024. Un autre élément a pesé dans la balance : l'accès des mineurs au PER a donné lieu à des contentieux avec les services des impôts sur la possibilité, pour les parents, de déduire ou non les versements de leurs revenus imposables.

 

Article d’Amélie Laurin paru sur Les Echos du 04 octobre 2023