BANQUE CENTRALE

Les tensions sur les banques européennes devraient se réduire, estime l'économiste en chef de la Banque centrale européenne, Philip Lane.

C'est plutôt une nouvelle rassurante. Pour Philip Lane, économiste en chef de la Banque centrale européenne, les récentes turbulences dans le secteur bancaire en zone euro devraient se dissiper rapidement. 

Interrogé par l'hebdomadaire allemand « Die Zeit », il a notamment rappelé que « le système bancaire européen disposait de beaucoup de cristaux et que les banques avaient été prudentes dans leurs décisions de prêt », Même si la BCE reste « sur ses gardes », il estime peu probable un scénario similaire à celui qui a fait vaciller les banques américaines ou suisses.

Une fois la tempête calmée, la BCE va ainsi devoir se concentrer à nouveau sur son principal objectif : la lutte contre l'inflation. Et donc reprendre son resserrement monétaire. « Si le stress financier que nous observons n'est certes pas nul mais s'avère relativement limité, les taux d'intérêt devront encore être relevés », a confirmé Philip Lane. Tout dépendra de l'impact de la crise bancaire sur l'économie. Si celui-ci se révélait élevé, « alors les pressions inflationnistes diminueraient ». Mais si ce n'est pas le cas, comme il le pense, des tours de vis supplémentaires seront nécessaires.

Peu de temps avant, le gouverneur de la banque centrale slovaque, Peter Kazimir, avait lui aussi poussé en ce sens. Même s'il estime qu'il existe « un risque réel » de voir les banques réduire leur offre de prêts, il ne considère pas ce scénario comme le plus probable. Pourtant, les dernières données communiquées par la BCE montrent que le durcissement monétaire a commencé à se transmettre à l'économie, février ayant signé le cinquième mois consécutif de baisse des nouveaux crédits aux entreprises.

«Nous ne devons pas relâcher la pression, a-t-il affirmé. Nous devrions continuer à augmenter les taux, peut-être à un rythme plus lent. » Il s'est toutefois abstenu de faire le moindre pronostic sur la décision que prendra le Conseil des gouverneurs de la BCE, le 4 mai prochain. Les chiffres de l'inflation européenne en mars, qui seront publiés vendredi, sont particulièrement attendus. La hausse des prix globale devrait ralentir, mais, selon Bloomberg, l'inflation sous-jacente hors prix de l'énergie et de l'alimentation) devrait enregistrer un nouveau record. Elle s'était déjà établie à un plus haut historique de 5,6 % au mois de février.

Face aux journalistes allemands, Philip Lane a fait preuve d'un certain optimisme. Il confirme notamment que l'inflation « devrait baisser rapidement en fin d'année ». Et il s'est montré peu inquiet de l'émergence d'une boucle prix-salaire. « Les augmentations salariales sont plus élevées que la normale, mais dans l'ensemble, elles semblent raisonnablement équitables », a-t-il estimé, en ajoutant néanmoins que la BCE devait rester vigilante sur ce point.

Article du jeudi 30 mars 2023, Les ECHOS